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histoire des sciences et des milieux scientifiques - publications sur Frédéric Joliot-Curie

Maurice PARAT (1899-1936), naturaliste, biologiste et médecin, militant communiste et fondateur de Jeune science, en 1936

Publié le 31 Mai 2019 par Michel Pinault

PARAT Maurice

      Né le 2 avril 1899 à Saintes (Charente-Inférieure), décédé le 16 septembre 1936, au large de l’Islande, lors du naufrage du Pourquoi Pas ? et enterré à Saintes. Naturaliste, biologiste, médecin et chercheur scientifique, militant communiste, fondateur et président de Jeune science, membre de la société philomathique.

 

       Maurice Parat est né le 2 avril 1899 à Saintes. Ses parents, Jeanne Massiou, sans profession, et son époux Charles Parat, lieutenant d’artillerie, alors âgés de 27 et 35 ans, étaient domiciliés à Angoulême (Charente). L’acte de naissance précise que son grand-père maternel était négociant et deux autres témoins étaient libraire et lieutenant d’artillerie.

       Le 10 août 1920, Maurice Parat épouse, à Tendon (Vosges) Marie-Marguerite Rémy, née le 11 janvier 1899. Ils ont une fille (née vers 1922).

Formation et début de carrière

       Parat, son père étant désormais intendant militaire à Verdun, fait ses études au lycée de Nancy puis à la faculté de Médecine pendant la Première Guerre mondiale. Nommé externe de hôpitaux au retour de la guerre, il mène de front une licence de Sciences à Paris. Ayant fréquenté le cours d’histologie du professeur Auguste Prenant, il renonce à l’internat, préférant s’orienter vers la recherche et devenir aide-préparateur à la Faculté de Médecine puis chef de laboratoire d’Anatomie pathologie de l’Hôpital Broca. En 1920, année de son mariage, il est aide-préparateur de Prenant puis, en 1922, il devient assistant et par là-même enseignant de travaux pratiques au laboratoire d’Anatomie et d’Histologie comparées de la Sorbonne, dirigé par le professeur Georges Pruvot puis par Paul Wintrebert et, tout en poursuivant en collaboration avec son épouse Marguerite Parat, médecin comme lui, et en association, dès 1924, avec Jean Painlevé pour la partie colorants de ses travaux, des recherches sur les constituants de la cellule animale, il termine, en 1923, sa thèse de médecine sur l’hématopoïèse inter-hépatique (« Études sur les apports des cellules sanguines avec les cellules hépatiques dans le foie embryonnaire du cobaye »).

       Auprès de Wintrebert, il occupe, à partir de 1929, les fonctions de chef de travaux, après avoir soutenu sa thèse de doctorat ès Sciences, en 1928 (« Contribution à l’étude morphologique et physiologique du cytoplasme de la cellule animale »). Ses travaux de cytologie, menés au laboratoire et sur le terrain, en particulier à la station de biologie marine de Roscoff, dirigée par le professeur Charles Pérez et dont Marcel Prenant est alors le chef de travaux, font rapidement autorité en France et dans le monde et il est bientôt considéré comme un chef d’école, entouré de nombreux élèves - plus d’une vingtaine - qu’il associe à ses publications, dont son épouse, docteur ès Sciences, ou Pierre Drach qui prendra en partie sa suite après sa disparition prématurée, ou Clovis Jacquiert, mort lui aussi lors du naufrage du Pourquoi Pas ? Le contenu de ses cours et les qualités rhétoriques dont il fait preuve en font un enseignant recherché et sa conception dynamique et collective de la recherche et du travail de laboratoire en font un chercheur original, apprécié par ses jeunes collègues mais déprécié par des universitaires plus installés. À sa mort on trouvera « regrettable qu’en France il n’ait pas été mieux apprécié » : « En 1931, déclarait le professeur Wintrebert, Parat s’aperçut que, malgré le retentissement mondial de ses recherches personnelles et le vif succès de son enseignement bénévole, il n’avait pu convaincre de sa valeur les maîtres qui distribuent les récompenses et les titres. Découragé après cette déception, il crut à l’inutilité de l’effort qu’il avait fourni et orienta délibérément sa vie vers d’autres perspectives. » Parat renonce ainsi à son projet avant-gardiste de création d’un institut de recherches où , sans objectifs mercantiles, médecins et biologistes auraient travaillé côte à côte au contact avec les malades. Il anticipait ainsi une des raisons d’être du futur l’Institut de Biologie Physico-Chimique (IBPC) alors en gestation etqu’il aurait pu rejoindre.

Maurice Parat et le Pourquoi Pas ? du commandant Charcot

        Tout en retournant à la médecine et à des travaux médico-scientifiques - il vient d’être promu officier d’académie (JO, 14 juillet 1934) et devient, en 1934, directeur du laboratoire de la clinique gynécologique de la faculté de Médecine -, il rallie l’équipe du commandant Charcot et participe à ses explorations à bord du Pourquoi Pas ? Il réalise ainsi quatre expéditions (1932, 1933, 1935, jusqu’au voyage fatal de 1936), au Groenland, au Spitzberg, aux Îles Féroé et au large de l’Islande, au cours desquelles il mène un programme d’études naturalistes sans lien direct avec ses travaux antérieurs (faune marine, géologie et géographie). Il donne ainsi une impulsion nouvelle aux travaux menés à bord du Pourquoi Pas ? Sa longue pratique de la randonnée à ski lui permet de sillonner, souvent avec Drach, l’intérieur alors inconnu du Groenland, de faire l’ascension des points culminants et de dresser les premières cartes. Il s’impose rapidement au sein de l’équipe de chercheurs au point de devenir, aux yeux de tous, le successeur pressenti, comme chef des futures missions du Pourquoi Pas ?, de Charcot bientôt atteint par la limite d’âge.

         Mais Parat disparait, à 37 ans. Il a alors environ soixante-dix communications scientifiques à son actif, qu’il a souvent présentées à l’Académie des sciences, laquelle, en gage de reconnaissance tardive, lui remet à titre posthume, le 21 décembre 1936, le prix Gegner, doté de 4 000 francs, pour ses travaux sur la physiologie de la cellule. La carrière scientifique de celui que ses collègues et amis décrivent comme « un homme de science accompli et un organisateur et homme d’action » s’achève donc prématurément au cours de l’automne 1936. Ce jeune chercheur original qui avait animé par son talent de polémiste les vives discussions dont étaient coutumiers les biologistes réunis autour du professeur Pérez à Roscoff, les Marcel Prenant, René Wurmser, Louis Rapkine, Boris Ephrussi, André Lwoff et tant d’autres, n’entraînera donc plus ses collègues à l’action. Cet homme robuste à la carrure d’athlète qui pratiquait la lutte gréco-romaine et le jiu-jitsu, mais aussi bien le ski de montagne, a donc été vaincu par la tempête. Celui qui « milita activement » depuis plusieurs années, selon Marcel Prenant, au groupe des médecins communistes et qui venait de fonder, avec quelques autres, le groupement Jeune science, rassemblant plusieurs centaines de jeunes chercheurs décidés à promouvoir les recherches scientifiques et à défendre l’idée d’un statut de chercheur permettant l’émancipation de la recherche de la tutelle des universitaires, laisse en disparaissant bien des entreprises orphelines.

Parat, fondateur de Jeune science

         Pierre Drach qui en est membre, témoigne que Jeune science est « redevable (à Parat) de ses directives et de sa grande vitalité ». Ernest Kahane qui dirigea de fait le groupement après la mort de Parat, soulignait que celui-ci avait rédigé « l’éloquent appel » qui donna naissance à Jeune science et qu’il en avait logiquement été désigné secrétaire général.

         C’est le jeudi 2 juillet 1936 que ceux « qui possèdent une activité scientifique et un dynamisme intellectuel » avaient été invités, par un tract intitulé « Appel aux travailleurs scientifiques », à venir, dans une salle de la Mutualité, participer à l’assemblée constitutive d’une nouvelle association : Jeune science. L’appel précisait qu’il s’agissait de donner « une tribune » aux « travailleurs scientifiques », pour faire entendre leurs doléances propres, réclamer « une organisation » de la science, régler la question du « recrutement, de la préparation et du sort des chercheurs » et, en particulier, « réclamer leur affranchissement moral et matériel en même temps que leur représentation effective et efficace au sein des organismes de répartition (des crédits) démocratisés de la sorte et rajeunis », créer « un enseignement technique de la recherche » et « abattre les clôtures barbelées élevées entre les écoles qui ne sont souvent que des fiefs, ou entre des spécialités et des disciplines qui s’ignorent ». Un autre projet d’appel, écrit de la main de Kahane, après une réunion à trois, Jeanne Lévy, Parat et Kahane, le 23 juin, à la sortie d’une réunion de la Société philomathique, indiquait que « c’est seulement lorsque le régime féodal de l’organisation de la recherche aura subi une telle démocratisation que l’intérêt général du progrès scientifique sera et restera en accord avec les intérêts moraux et matériels des chercheurs ».

         Selon Ernest Kahane, les « conciliabules » avaient duré environ un an avant de déboucher sur cette initiative du 2 juillet 1936. Le petit groupe qui donna vie à ce projet comprenait une dizaine de membres, presque tous issus de laboratoires des sciences de la nature : Léone Bourdel (Arts et métiers, psychologue), Paul Couderc (Observatoire de Paris), Ernest Kahane (Faculté de pharmacie), Bernard Lahy (EHE, psychophysiologie), Jean Langevin (Journal de Physique, un des fils de Paul Langevin), Jeanne Lévy (faculté de Médecine), André Pacaud (Laboratoire de Biologie expérimentale de la Sorbonne), Maurice Parat (Laboratoire d’Anatomie et d’Histologie comparées de la Sorbonne), Paul Rumpf (Institut de Chimie), Jacques Solomon (Collège de France, Physique mathématique, gendre de Langevin). Les principaux animateurs étaient les docteurs Parat et Lévy, ainsi que le chimiste Ernest Kahane. Parat comme Pacaud et surtout Solomon, alors secrétaire de la section du Ve arrondissement, étaient membres du PCF. Jeanne Lévy et Solomon avaient, par ailleurs, été membres du bureau du CVIA jusqu’à la crise de février 1936 qui avait vu le départ des antifascistes, opposés aux pacifistes. Lévy était membre de la direction parisienne du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNES) comme Kahane, Pacaud et Marcel Mathieu, mais aussi comme l’épouse de Rumpf, Marie-Elisa Nordmann, chimiste au laboratoire de Paulette Ramard-Lucas, à la Sorbonne, et comme le physicien André Langevin, frère de Jean. De nombreux liens existaient donc entre le SNES, alors dirigé par des universitaires confirmés (Ludovic Zoretti, Louis Barrabé, Lucien Lévy-Bruhl, Marcel Cohen), et Jeune science qui mobilisait la nouvelle génération.

        L’assemblée fondatrice de la Mutualité, présidée par Parat, fut un franc succès. 147 participants donnèrent le soir même leur adhésion au groupement. Dans un propos liminaire Parat déclara que Jeune science voulait être « à l’unisson du mouvement social » La création d’un périodique mensuel, dont le titre voulait être une proclamation de foi : Science et Travail, fut décidée et la première livraison date du même mois de juillet. Ensuite, Parat quitta Paris pour se joindre à l’expédition du Pourquoi Pas ?...

 

       La fin du Pourquoi Pas ? eut lieu dans la nuit du 15 au 16 septembre, au large de l’Islande. Le seul survivant du naufrage, le maître-timonier Gonidec qui fut un des derniers à évacuer l’épave en train de sombrer a rapporté l’ultime image qu’il a emportée de Parat, groupé avec Charcot et le capitaine Le Conniat sur la passerelle du navire explorateur : Parat venait de remonter de la cabine du capitaine où il était allé chercher le gilet de sauvetage de celui-ci et ne l’avait pas trouvé ; Le Conniat, lui serrant le bras, l’avait remercié en ajoutant sa formule familière : « Ça ne fait rien ».

        Parat « jeune savant de la plus haute valeur, déjà reconnu comme un maître (qui) a fait preuve des plus belles qualités de courage, d’endurance et de dévouement » a été fait chevalier de la Légion d’honneur par décret du 25 mars 1937.

 

      Sources : Journal officiel, Lois et décrets ; acte de naissance ; base de données de la Légion d’honneur Leonore ; Hommage du Laboratoire d’anatomie et de physiologie comparées de la Faculté des sciences de Paris à Maurice Parat et Clovis Jacquiert (brochure conservée au MNHN-BETA 9456) ; discours de Pierre Drach lors de la cérémonie d’hommage aux scientifiques morts à bord du Pourquoi Pas ?, à la Sorbonne, le 19 décembre 1936 (Bulletin du Muséum d’histoire naturelle, novembre 1936) ; notice nécrologique de Pierre Mocquot dans La Presse médicale, n° 13, 13 février 1937 ; article d’hommage par Marcel Prenant dans L’Humanité (12 octobre 1936) ; hommage à Maurice Parat dans Science et travail, n° 2, novembre 1936.

        Bibliographie : Michel Pinault, « Les scientifiques et le Front populaire », dans Xavier Vigna, Jean Vigreux et Serge Wolikow, Le pain, la paix, la liberté, Expériences et territoires du Front populaire (actes du colloque Expériences et inscriptions du Front populaire. Militants, territoires et mémoires, Université de Bourgogne, 22-23 juin 2006), Paris, Éditions sociales, 2006, p. 173-194.

Michel Pinault, 7 décembre 2018

Notice biographique destinée au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, connu comme Le Maitron.

 

Maurice Parat, au microscope, vers 1924.

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L
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